Dans
un peu moins d'un mois, ma candidature figurera parmi une tonne de
dossiers d'adolescents de mon âge ne souhaitant qu'une chose: être
accepté dans son programme au CÉGEP.
Sans
plaisanter, ça fait plus de trois ans qu'on me parle de cette
fameuse application aux études supérieures. J'en ai stressé de
diverses manières: par mon manque de talent en maths, mes notes de
français et mon ignorance face à ce que je veux faire plus tard. Au
fur et à mesure des années, je suis passée au travers de plein de
choix de carrière. Médecin, avocate, publiciste, écrivaine,
animatrice, designer d'intérieurs... Maintenant et depuis quelque
mois, voir un an, mon choix s'arrête sur les communications, qui
semble comme une évidence à mes yeux. J'ai toujours aimé
l'écriture, internet, le montage vidéo, parler, m'exprimer,
partager. Je ne sais pas encore exactement ce que je veux faire plus
tard, mais je connais mon domaine, enfin, je crois.
J'ai
toutefois cette peur constante de ne pas avoir fait les bons choix.
Est-ce que ne pas me plier en quatre pour continuer mes cours de
sciences et de maths Sciences Naturelles va me nuire? Est-ce que je
vais avoir besoin d'un cour plus qualifiant que multimédia et
histoire du XXe siècle? Est-ce que j'aurais une envie soudaine
d'aller en science nature et je devrais à ce moment faire mes cours
de chimie et physique?
J'ai
longtemps succombé au stress que l'avenir me faisait vivre. En
secondaire 4, je me suis retenue de ne pas aller en cour de
Leadership et plein air, où j'aurais eu du plaisir à jouer dehors
et faire encore plus de sport que ce que je faisais déjà, au lieu
de faire mes sciences fortes et je me suis arraché l'équivalent de
deux têtes de cheveux en cours de maths SN. J'ai passé des soirées
et des nuits à étudier la biodiversité et les paraboles qui me
faisaient, sans vouloir être vulgaire, vraiment chier (oups!)
Je
sens maintenant que je prends le bon chemin, mais comment en être si
sûre à seulement 17 ans? Comment connaître ce que j'aime comme
boulot alors que tout ce que je fais, c'est rester assis sur une
chaise et prendre des notes toute la journée? Comment pouvons-nous
prendre de si grosses décisions alors que je ne sais même pas
comment organiser mon samedi soir comme une ado normale?
Je
suis, contrairement à d'autres, une fille qui fait pas mal confiance
au futur malgré mes inquiétudes. Comme dans la chanson Ti-cul des
Cowboys fringants, je crois que le vrai bonheur dans la vie c'est de
ne pas savoir comment notre petite histoire va se terminer. De cette
façon, on fait face à des défis qui nous révèlent, nous font,
certainement, rusher, mais on a aussi de belles
découvertes et de belles rencontres qui peuvent se faire sur un
petit coin de vie, alors qu'on ne suit aucunement notre plan de
départ.
Bref,
futur, tu fesses en ce moment. Tu me fais un peu peur, je te l'avoue,
mais s'il te plait, laisse-moi encore un moment pour prendre de
grosses décisions, après on se reparlera.